Entre 2012 et 2023, comment Jia Yueting, fondateur de LeEco à Pékin, a-t-il conduit son empire du streaming et de la high-tech, surnommé “le Netflix chinois”, à la faillite sous le poids d’une expansion incontrôlée et d’une dette dépassant 7 milliards $ ?

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Histoire

L’aventure de LeEco (anciennement LeTV) débute en 2004, lorsque Jia Yueting lance un service de vidéo à la demande avant même l’arrivée de Netflix en Chine.
En 2012, la plateforme compte déjà plus de 50 millions d’utilisateurs actifs, et son modèle freemium financé par la publicité attire la confiance des investisseurs chinois.

Fort de ce succès, Jia Yueting rêve plus grand.
Entre 2014 et 2016, il transforme LeEco en un conglomérat technologique, combinant contenus, appareils et écosystème intégré.
Sous le slogan “Eco World”, LeEco veut relier les écrans, les voitures, la musique et le commerce dans une seule plateforme connectée.

Parmi ses grandes réalisations :

Lancement des smartphones LeEco Le Pro en 2015, destinés à concurrencer Apple et Huawei.
Investissement dans Faraday Future, startup automobile californienne de véhicules électriques.
Acquisition de Vizio, un grand fabricant américain de téléviseurs (opération finalement annulée).
Création de LeSports, plateforme sportive diffusant les droits de la NBA et de la Premier League en Chine.

À son apogée, LeEco revendique :

plus de 100 millions d’utilisateurs,
10 000 employés,
et une présence dans plus de 10 pays, de l’Inde aux États-Unis.

Mais l’empire était bâti sur du sable.
Les activités étaient trop dispersées, les dettes s’accumulaient et les filiales se finançaient en circuit fermé.
En 2017, les premiers signes de crise apparaissent : les paiements aux fournisseurs cessent, les salaires sont retardés, et Faraday Future consomme des milliards sans résultat concret.
En 2019, Jia Yueting est placé sur la liste noire du gouvernement chinois pour dettes impayées.
Il quitte la Chine pour les États-Unis, laissant LeEco en ruine.

L’entreprise, surendettée, entre dans une longue procédure de restructuration, avant d’être déclarée en faillite en 2023.

Leçons à tirer

L’échec de LeEco illustre le piège de l’hybris technologique : vouloir tout faire trop vite sans consolider ses fondations.
Jia Yueting avait une vision grandiose celui de créer un écosystème unifié de contenus et de technologies. Mais son absence de discipline financière et sa quête d’expansion permanente ont mené à l’effondrement.
Le cas LeEco rappelle qu’en affaires, la diversification n’est pas une stratégie en soi : sans contrôle des coûts, elle devient un facteur de destruction.
Pour les startups asiatiques, c’est une leçon sur la limite entre l’ambition et la démesure.

Auteur et organisation