
Histoire et leçons à tirer
Histoire
Gervais Koffi Gbondjidè Djondo est né en 1934. Le site La Tribune Afrique révèle que « Gervais Djondo est sorti d'une famille moyenne ou la rigueur était de mise avec son père qui collaborait surtout avec le colon allemand. ». Gervais Koffi Djondo affirme : « Je suis fils unique et c’est mon père qui m’a élevé. Grand commerçant, il appartenait à la génération des Allemands qui ont colonisé le Togo. Il était très dur. » ; « Sortir m’était interdit. Je ne quittais la maison que pour aller à l’école, où mon père m’accompagnait. Et le dimanche, j’allais à la messe avec lui. Il me tenait par la main et ne tolérait pas que je m’éloigne ».
Gervais Koffi Gbondjidè Djondo fera des études au Bénin. Après ces études, il se rendra au Niger dans les années 50. Dans ce pays, il deviendra expert-comptable pour le compte des chemins de fer du Niger. Compte tenu de son dévouement et sa ténacité, il est nommé Directeur Administratif et Financier de Sotra, une société française de transport. Le jeune fonctionnaire, se souciant de la vie des travailleurs nigériens, adhèrera à un syndicat CFTC (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens) pour changer les conditions des travailleurs nigériens. Il déclare : « J’ai découvert la situation déplorable des travailleurs nigériens. Bien que cadre, je me suis inscrit dans un syndicat CFTC avec l’objectif d’aider mes frères africains maltraités au sein de l’entreprise. ». Cet acte ne restera pas impuni. Il sera renvoyé de la Sotra. Gervais Koffi Djondo partit s’inscrire en France, à l’Institut des hautes études d’outre-mer (intégré à l’ENA en 2002). Un autre incident se produit. Gervais Koffi Djondo affirme : « Je suis informé du fait que le président Olympio demande avec insistance que je sois exclu de l’École. Ce qui embarrasse les autorités françaises. Je suis reçu par le président de Gaulle qui me rassure et je me vois offrir une bourse. Mais je vais plutôt m’inscrire à l’Institut des sciences sociales du travail. J’y passe un an de 1962 à 1963. Après le coup d’État qui entraîne la mort d’Olympio, Nicolas Grunitzky est installé au pouvoir et il obtient mon retour à l’École nationale de la France d’outre-mer. Ce qui me permet d’obtenir mon diplôme ».
Après sa formation en France, il est employé au sein de la compagnie UTA. Il ne dura pas longtemps à ce poste. Le nouveau président togolais Nicolas Grunitzky lui demande de revenir au Togo, son pays natal. De retour au pays, « Gervais Koffi Djondo est nommé Directeur Général de la Caisse d’Allocations Familiales appelée communément aujourd’hui la CNSS (Caisse Nationale de Sécurité Sociale). ».
Monsieur Gervais Koffi Djondo a plusieurs cordes à son arc : « Préfet aux indépendances, Directeur général de Compensation, des Prestations familiales et des Accidents du travail du Togo, actuelle Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), en 1964, délégué pour le Togo de la Société Commerciale de l'Ouest Africain (SCOA), en 1975, avant d'être nommé à la tête de la Chambre du Commerce, d'Agriculture et d'Industrie du Togo, en 1978, il sera l'initiateur de la création de la Fédération des Chambres de Commerce et d'Industrie de l'Afrique de l'Ouest, qu'il présidera de 1978 à 1984. ».
Gervais Koffi Djondo affirme que : « C'est durant cette période que l'idée de la mise en place d'une banque panafricaine est née avec la création de Eco-Promotion, qui va plus tard créer le groupe Ecobank, dont je suis membre fondateur avec comme partenaire le groupe bancaire américain City-Bank ».
En 1984, il sera ministre des Entreprises publiques et de l’Industrie du Togo, dans le gouvernement du président Gnassingbé Eyadema.
Le site La Tribune Afrique rapporte que : « Quelque années plus tard, il quittera le gouvernement pour se consacrer totalement à ses projets de Ecobank et d'Asky Airlines… ».
En 1985, Gervais Koffi Djondo, entrepreneur togolais, cofonde Ecobank avec Henry Fajemirokun et Adeyemi Lawson, tous deux entrepreneurs nigérians. L’objectif est l’émergence d’une banque dans laquelle chaque Africain pourrait s'identifier et ce indépendamment de sa langue officielle. Ecobank est une banque panafricaine. La création d’Ecobank a pu être possible grâce à deux actions : d’une part le rassemblement de 1 200 actionnaires de 14 pays qui ont pu rassembler 36 millions de dollars, parce que le projet « Ecobank » avait besoin d’un financement qui s’élevait à 50 millions de dollars ; et d’autre part l’action de Citibank, vers qui les cofondateurs se sont tournés, qui leur a proposé une équipe et en moins d’un an, le projet « Ecobank » a pu être monté.
Le site Jeuneafrique rapporte que même après avoir présidé le conseil d’administration d’Ecobank, de 1996 à 2003, Gervais Koffi Djondo reste le président honoraire.
En 2007, Ecobank était présent dans 22 pays. Gervais Koffi Djondo a pour projet de conquérir l'Europe. En 2008, il crée à Paris, Ecobank International France (EBI SA), la filiale locale au capital de 65 millions d'euros. La vocation de cette filiale est de couvrir les activités internationales d'Ecobank en France, en Angleterre à Dubaï et en Chine. Le site La Tribune Afrique rapporte que l'établissement accompagne les clients africains dans leurs opérations vers l'international, ainsi que les sociétés étrangères intéressées par l'Afrique.
En 2010, Gervais Koffi Djondo crée sa compagnie aérienne panafricaine Asky Airlines, dont les zones principalement desservies sont l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale.
Depuis le 1er septembre 2015, Adeyemi Lawson, l’un des cofondateurs est à la tête du groupe bancaire.
Ecobank, aujourd’hui, en 2025, soit 40 ans après sa création, en termes de chiffres, c’est : 13000 personnes employées, au service de plus de 32 millions de clients, dans 35 pays Africains.
Ecobank a été désignée Meilleure Banque d’Afrique 2025 aux Global Finance Awards.
Leçons à tirer
Le parcours de Gervais Koffi Djondo n’a pas été facile : l’éducation rigoureuse de son père, le renvoi de la Sotra, et le renvoi de l’Institut des hautes études d’outre-mer. Oui, Gervais Koffi Djondo a connu des évènements difficiles. Mais, cela ne l’a pas empêché d’accomplir sa vision panafricaniste. Nous rappelons que l’objectif de la création d’Ecobank « est l’émergence d’une banque dans laquelle chaque Africain pourrait s'identifier et ce indépendamment de sa langue officielle. ». Même, la compagnie aérienne Asky, qu’il a créée en 2010 est aussi dans une vision panafricaniste.
L’histoire de Gervais Koffi Djondo nous montre qu’avant même de se lancer dans le domaine bancaire, il avait une forte expérience en tant qu’expert-comptable, de par les postes qu’il a occupés. Il a été à la tête de la Chambre du Commerce, d'Agriculture et d'Industrie du Togo, puis l'initiateur de la création de la Fédération des Chambres de Commerce et d'Industrie de l'Afrique de l'Ouest, qu'il présidera de 1978 à 1984. Tous ces postes dans les domaines du commerce et de l’industrie sont de bonnes prédispositions pour évoluer dans la sphère des chiffres, précisément le domaine bancaire. En effet, l'expérience acquise dans ces institutions, notamment la gestion d'organisations économiques d'envergure et les relations avec les acteurs du commerce et de l'industrie, constitue une base solide pour une carrière dans la banque. La connaissance des mécanismes financiers, des flux commerciaux et des enjeux économiques propres à la région ouest-africaine sont autant d'atouts qui facilitent une transition vers ce secteur. En résumé, les fonctions occupées par Gervais Koffi Djondo dans le domaine du commerce et de l'industrie, telles que décrites, sont des indicateurs positifs pour une carrière réussie dans la sphère bancaire.
Gervais Koffi Djondo n’a pas créé Ecobank tout seul. Il s’est associé à Henry Fajemirokun et Adeyemi Lawson. Il faut aussi rappeler que « La création d’Ecobank a pu être possible grâce à deux actions : d’une part le rassemblement de 1 200 actionnaires de 14 pays qui ont pu rassembler 36 millions de dollars, parce que le projet « Ecobank » avait besoin d’un financement qui s’élevait à 50 millions de dollars ; et d’autre part l’action de Citibank, vers qui les cofondateurs se sont tournés, qui leur a proposé une équipe et en moins d’un an, le projet « Ecobank » a pu être monté. ». La leçon à tirer de ces faits est que l’entrepreneur peut s’entourer d’une équipe de personnes, de compétences, et d’investisseurs pour maximiser la réussite entrepreneuriale.
Nous vous laissons sur les mots de Gervais Koffi Djondo : « J'aime notre continent et je souhaite qu'il se réveille. Je désire que l'Afrique entre dans un réel concert du développement. Il appartient à nous, Africains, de faire avancer les choses. Je pense en premier lieu à l'intégration africaine. C'est pour cela qu'Ecobank est une banque panafricaine et qu'Asky est une compagnie aérienne panafricaine. Tant que l'Afrique ne comprendra pas l'importance de son union, pour changer avec le reste du monde, elle ne fera que reproduire le schéma colonial des Etats dont les économies sont peu développées et qui se contentent de faibles échanges commerciaux entre eux ».
Sources
https://www.linkedin.com/company/ecobanktogo/about/
https://www.brvm.org/sites/default/files/20080502_-_ra_-_ecobank_tg_-_exercice_2007.pdf
