Histoire
Fondée avec l'ambition de révolutionner l'ensemble de la chaîne de valeur du bâtiment – de la conception architecturale à la fabrication et au montage – la société Katerra misait sur une intégration verticale complète et un contrôle technologique de tous les processus.
Son concept audacieux reposait sur la standardisation de composants produits en usines géantes pour réduire drastiquement les coûts, les délais et le gaspillage sur les chantiers.
Entre 2016 et 2019, Katerra a massivement investi : elle a ouvert plusieurs usines aux États-Unis, adopté des technologies de modélisation numérique (BIM) et recruté plus de 8 000 employés. Le groupe a même racheté des entreprises d'architecture pour accélérer cette intégration.
Cependant, le modèle s'est rapidement heurté à la réalité :
Les coûts de production ont explosé.
Les usines fonctionnaient à faible capacité.
Les retards de projets se sont multipliés.
Le fardeau des acquisitions a alourdi la trésorerie.
Le pari de Katerra de "fabriquer pour économiser" s'est révélé plus coûteux que la construction traditionnelle. Malgré une dernière injection de capital de 200 millions de dollars de SoftBank en 2020, la crise de la COVID-19 a scellé son sort.
En juin 2021, Katerra a déposé le bilan, laissant des chantiers inachevés, des milliers de licenciements et une perte estimée à plus de 2 milliards de dollars pour ses investisseurs. L'histoire de Katerra est devenue un exemple retentissant des limites de l'application d'un modèle d'intégration purement technologique à la complexité du secteur de la construction.
Leçons à tirer
L’échec de Katerra illustre un principe fondamental de l’innovation :
Michael Marks a voulu transposer les logiques de la tech et de la production industrielle à un secteur profondément local, réglementé et humain : la construction.
Mais ce qui fonctionne dans une usine ne s’applique pas automatiquement à un chantier.
Katerra a péché par excès d’intégration, complexité logistique et mauvaise exécution stratégique.
L’entreprise a tenté de tout faire, trop vite, sans modèle rentable.
Son histoire rappelle que dans les industries lourdes, l’agilité opérationnelle vaut parfois mieux que l’ambition systémique.
Auteur et organisation
Nom : Michael Marks
Fonction : Fondateur et ex-PDG de Katerra
Nationalité : Américaine
Entreprise : Katerra Inc.
Année de création : 2015
Siège : Menlo Park, Californie, États-Unis
Secteur : Construction, technologie, architecture
Effectif à son apogée : environ 8 000 employés
Période
2015-2021
Sources
https://www.lemoniteur.fr/article/avec-katerra-la-silicon-valley-s-attaque-au-batiment.1981469

