Histoire et leçons à tirer
Histoire
Son père exerçait dans le domaine du commerce au Niger. Son goût pour l’entreprenariat est venu du temps passé aux côtés de son père. Le père de sa mère exerçait aussi dans le commerce transsaharien. Donc, il est fils et petit-fils de commerçants. Mossadeck Bally affirme : « J’avais un oncle – paix à son âme – qui nous emmenait en tournée, car il fallait aussi faire la promotion de la boutique de mon père dans de petits villages. Nous vendions, nous faisions la recette et nous dormions à la belle étoile. ». Donc dans la famille, il y avait cette tendance commerciale. Au Niger, Mossadeck Bally a passé ses trois premières années d’école. Il y a eu un coup d’état au Niger en 1968. Alors, son père a décidé de partir s’installer à Bamako. Là-bas, Mossadeck Bally continue son parcours scolaire, en fréquentant l’école fondamentale de Missira 2 et le lycée technique de Bamako. Il est allé à Marseille en France, accompagner sa tante. Il y a appris que le général Moussa Traoré a décidé de fermer les établissements scolaires. Alors, il est resté en France, pour y passer son baccalauréat. Par la suite, il s’est rendu aux États-Unis, en Californie. Il a fréquenté l’université de San Francisco dans la filière commerce. En 1985, il est diplômé d’un Bachelor of Science en administration des affaires à l’école de management. Il savait déjà qu’il allait au lendemain de l’obtention de son diplôme, retourner travailler avec son père, à cause du goût de l’entrepreneuriat. C’est ce qui a été fait. Après, il est rentré à Bamako, au Mali. Le site Mehari Consulting rapporte qu’il y a passé une dizaine d’années à travailler avec son père et ses frères dans le commerce, notamment l’importation de denrées alimentaires qu’ils revendaient au Mali, et aussi dans les pays de la sous-région. Il a fini par prendre la tête de l’entreprise familiale. Mossadeck Bally affirme qu’il a beaucoup appris auprès de son père, dans les dix années passées dans le négoce. Il déclare : « L’école m’a préparé mais c’est sur le terrain aux côtés de ce grand homme que j’ai appris. ». Il a appris des valeurs ancestrales et dans la formation telles que la solidarité, l’abnégation, la probité, l’honnêteté, au sein du cocon familial et communautaire. Mossadeck Bally déclare : « Dans la vie, la vraie richesse n’est pas matérielle, mais plutôt l’éducation qu’on reçoit à la maison, dans le quartier ou dans la communauté.». Son père a aussi participé à son instruction, en le soutenant dans ses études, l’envoyant à l’école et payant ses études.
A un moment donné, il a réfléchi et s’est dit qu’il pouvait avoir plus d’impact économique et social. Il a alors pensé à une possible diversification, précisément dans le domaine de l’industrie. La raison est que selon lui : « l’industrie crée de la valeur ajoutée et beaucoup d’emplois. ». Il eut une première idée, créer une usine de compotes de mangues. Il a finalement abandonné cette idée, parce que les mangues pourrissent et « Malgré les exportations, une part considérable de la production est perdue. ». Le site Forbes Afrique rapporte qu’à travers ses rencontres avec les fournisseurs qui venaient leur rendre visite à Bamako pour leur vendre du riz et du sucre, il se rend compte d’un besoin d’hôtels de standing international dans la ville. Il montre alors de l’intérêt pour l’industrie du tourisme et de l’hôtellerie. Il a même recruté un consultant pour l’étude de marché. Dans cette même période, il y’avait aussi le programme de privatisation des entreprises de l’Etat malien, dont faisait partie le Grand Hôtel de Bamako. Mossadeck Bally saisit cette opportunité d’entreprenariat. Cette situation lui suscite l’idée de créer une société avec l’aide d’un consultant. Ainsi, en 1994, Mossadeck Bally fonde la « Société Malienne de Promotion Hôtelière ». L’objectif de la SMPH est d’acquérir son premier hôtel, le Grand Hôtel de Bamako. La SMPH avec l’aide de la Société financière internationale (SFI), rédige un business plan, qu’elle soumet dans le cadre de l’appel d’offre de l’Etat. Leur offre est retenue. La SMPH racheta donc le Grand Hôtel de Bamako, grâce aussi à une contribution financière à hauteur de 500 millions de FCFA, de la part de Monsieur feu Bréhima Sylla (Paix à son âme) qui était Président Directeur Général de la Bank Of Africa Mali. Monsieur Bréhima Sylla lui avait dit : « Mon fils vous venez des USA et je sais comment vous travaillez. Je suis persuadé que tout ce que vous allez entreprendre va réussir» . C’est ainsi que Monsieur Bréhima Sylla lui a remis un chèque de 500 millions de FCFA pour acheter l’hôtel. Le Grand hôtel de Bamako a été rénové et mis sur le marché en février 1995. C’est ainsi qu’a démarré le Groupe Azalaï Hôtels. Le site Mehari Consulting rapporte que dès le départ, la vision de Mossadeck Bally était « …juste d’acheter un hôtel, de le rénover et de le confier à un gestionnaire à une marque internationale. ». Il avait appris des préjugés, comme quoi « le tourisme et l’hôtellerie n’étaient pas pour les Africains mais plutôt pour les Européens, les Asiatiques ou Américains. ». Sa vision « était aussi de montrer que les Africains peuvent aussi mieux faire dans ce secteur que les Occidentaux. ».
Le site Africa Ceo Forum rapporte qu’« En 2000, fort d’une solide réputation basée sur la qualité du service et la gestion de son premier hôtel, la SMPH ouvre l’Hôtel Salam et devient, par la suite, le gérant de l’Hôtel Nord Sud, tous deux basés à Bamako. ». Il faut noter que c’est l’Etat malien, qui leur a vendu le terrain où la SMPH a construit l’hôtel Salam, étant donné que le Grand hôtel de Bamako fut un succès.
En 2005, la SMPH fait appel à une agence de communication pour le choix d’un nom. Cette dernière lui propose plusieurs noms, parmi lesquels figuraient : « Azalaï » qui signifie « caravane de sel » et « Dunia » qui signifie « le monde ». L’histoire qui s’attache au nom Azalaï est la suivante : « Dans le désert malien, il y a des mines de sel appelées Tao Dini dans lesquelles travaillent des mineurs qui enlèvent des barres de sel. Chacune d’elles pèse environ 5 kg et on en met quatre à cinq sur le dos d’un dromadaire. Il y a des centaines de bêtes qui transportent le sel sur 650 km entre Tao Dini et Tombouctou. Et dans mes souvenirs d’enfance, quand l’azalaï arrivait à Bamako, c’était une grande fête. On chargeait des barres de sel sur de petites pirogues qui allaient au centre du Mali, à Mopti. Dans les temps ancestraux, ces barres servaient pour les échanges, puisqu’il n’y avait pas de monnaie. On échangeait du sel contre des vivres qui remontaient vers le grand nord. Et donc nous avons décidé de retenir ce nom. ». Ce fut Azalaï qui fut retenu en premier. La SMPH devient le Groupe Azalaï Hotels en 2005. Dunia est devenu celui de leur deuxième marque « inaugurée à Loumbila, à 1 km de Ouagadougou au Burkina Faso, avec un hôtel qui s’adresse au segment économique. ».
Le groupe continue son expansion, cette fois-ci en dehors des frontières du Mali. Il acquiert : à Ouagadougou, l’Hôtel Indépendance, aujourd’hui Azalai Hôtel Ouagadougou, à Bissau, l’Hôtel 24 de Setembro aujourd’hui Dunia Hôtel Bissau, et à Cotonou, l’Hôtel de la Plage aujourd’hui Azalai Hôtel Cotonou. Le Groupe Azalaï Hotels marque sa présence à : Bamako, Ouagadougou, Cotonou, Bissau, Nouakchott, Abidjan et Loumbila. Le groupe compte 10 hôtels et 1100 chambres. Le groupe a comme projet l’ouverture de nouveaux hôtels à Dakar, Conakry, et Douala. Selon le site Africa CEO Forum, le Groupe est producteur d’emplois pour plus de 700 personnes directement et plus de 2000 autres indirectement. De plus, le Groupe Azalaï Hotels souhaite être présent dans tous les pays de la Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Le site Forbes Afrique rapporte qu’en vingt-cinq ans, Mossadeck Bally a déjà investi plus de 100 milliards de francs CFA. Il compte en investir encore. Dans un entretien avec Mehari Consulting, Mossadeck Bally affirme que le Groupe Azalaï Hotels continuera de créer des hôtels.
Aujourd’hui, après trente ans dans le domaine de l’entreprenariat, Mossadeck Bally déclare qu’il est totalement satisfait de l’impact économique et social, qu’il s’est fixé. Il dit : « Je me sens épanoui et je pense que je suis beaucoup plus utile dans mon pays et sur le continent africain. ».
Concernant les distinctions reçues, le 14 juillet 2017, à Bamako, Mossadeck Bally a été distingué en tant que Chevalier de l'Ordre national du Mérite français. Il a reçu sa distinction des mains de l’ambassadrice plénipotentiaire de la République de France au Mali, Son Excellence Mme Evelyne de Corps, dans les jardins de la résidence de la chancellerie français, à Bamako.
En 2018, Mossadeck Bally reçoit le Prix du Leadership lors de l'Africa Hotel Investment Forum (AHIF) à Nairobi, au Kenya, sous le parrainage et la présence effective du Ministre kenyan du Tourisme et de la Faune, l'Honorable NAJIB BALALA. Il a reçu ce prix parce qu’il fait partie des pionniers de l'industrie hôtelière en Afrique et qu’il transmet les valeurs africaines de l'hospitalité, à travers son groupe Azalaï Hôtels.
Pour l’édition 2024 du magazine Financial Afrik, il figure parmi les 100 personnalités qui transforment l’Afrique.
Leçons à tirer
Mossadeck Bally a saisi l’opportunité de se lancer dans l’entreprenariat. Ce fait montre que les données informationnelles comptent pour un entrepreneur : savoir qu’il existe un besoin dans un secteur et comment le combler, telle semble être la mission de l’entrepreneur. Qu’est-ce que l’entrepreneur fait des informations qu’il reçoit ? Telle est la question qui se pose à travers les ressources informationnelles dans le domaine de l’entreprenariat. L’histoire de Mossadeck Bally met aussi en évidence la question du quand faut-il abandonner, posée à l’entrepreneur. Mossadeck Bally a abandonné sa première idée d’entreprenariat dans l’industrie pour se lancer dans l’entreprenariat dans l’hôtellerie. Ça a marché pour lui.
La formation d’un individu peut se faire par divers réseaux : l’école, la famille, les médias, la communauté sociale et la communauté professionnelles. La formation d’un individu peut aussi se faire de façon formelle comme de façon informelle ; c’est ce que nous apprend l’histoire de Mossadeck Bally. En effet, il a appris l’entreprenariat auprès de son père et aussi l’administration des affaires à l’Université de San Francisco. Il a été éduqué en famille, mais aussi à l’école. Cette idée rejoint celle de Cosmas Maduka au niveau professionnel, pour qui l’apprentissage d’un métier ne se fait pas uniquement à l’école. Pour lui, l’apprentissage d’un métier peut se faire aussi de façon informelle, comme ce fut le cas pour lui ; il a fait 6 ans en tant qu’apprenti mécanicien, auprès de son oncle, sans être payé. Aujourd’hui, il est CEO\CHAIRMAN d’un groupe nommé COSCHARIS GROUP et distributeur de BMW, au Nigeria. Il est aussi classé en 6ème position des richesses au Nigeria en 2019.
Mossadeck Bally a étudié l’administration des affaires à San-Francisco, qui va avec l’entreprenariat, avec le commerce. Le choix de sa filière d’étude va avec le métier dans lequel il désire exercer, pour lequel il éprouve du gout. Ce fait nous montre que les choix de filière d’étude peuvent être alignés avec le métier souhaité et les intérêts personnels.
Ce sont les investissements de Mossadeck Bally dans l’industrie hôtelière qui nous l’ont fait connaître dans le monde. Sans ces investissements nous ne l’aurions pas connu. L’histoire de Mossadeck Bally nous montre qu’un entrepreneur ne possède pas seulement une vision de son projet. Il la concrétise pour en connaître soit un succès ou un échec. L’idée sort de terre, est matérialisée, puis appréciée.
Un entrepreneur à succès fait de bons investissements. Il ose entreprendre. Il ne se contente pas de gérer son entreprise, mais la développe activement grâce à des choix financiers judicieux et une volonté d'innover et de prendre des risques calculés. L’histoire de Mossadeck Bally nous le montre à travers ses hôtels déjà établis et ses projets d’ouverture d’hôtels dans plusieurs endroits.
Mossadeck Bally n’a pas regardé aux préjugés pour investir dans le domaine de l’hôtellerie. Cette situation signifie qu’il a fait abstraction des opinions ou des idées reçues concernant l'hôtellerie pour décider d'y investir. En d'autres termes, il n'a pas été influencé par les stéréotypes reçus sur ce secteur avant de prendre sa décision d'investissement.
Mossadeck Bally avait comme modèle de réussite dans le domaine de l’entreprenariat son père. Il faut rappeler que son père exerçait dans le domaine. D’autres membres dans sa famille exerçaient déjà dans le commerce notamment feu son oncle et le père de sa mère. Donc la propension à l’activité commerciale, ce goût pour l’entreprenariat lui vient de là. Cette situation signifie que les jeunes entrepreneurs peuvent aussi s’inspirer de personnes dans leurs familles, qui exercent ou qui ont réussi dans l’entreprenariat pour mener à bien leurs projets d’entreprenariat.
Nous remarquons un élément dans l’histoire de Mossadeck Bally, c’est qu’il « ne se fait pas tout seul ». Pour racheter le Grand Hôtel de Bamako, il se joint à un consultant pour ensuite fonder la Société Malienne de Promotion Hôtelière (SMPH). Mossadeck Bally bénéficie d’une contribution financière de Monsieur feu Bréhima Sylla (Paix à son âme) qui était Président Directeur Général de la Bank Of Africa Mali. La persuasion est un outil important pour l’entrepreneur, car elle lui permet de convaincre de potentiels investisseurs. Ce fut le cas de Monsieur Bréhima Sylla, qui a été convaincu d’investir dans le projet de Mossadeck Bally, en étant persuadé, qu’il réussirait tout ce qu’il entreprendrait.
Mossadeck Bally a reçu aussi plusieurs distinctions qui apprécient son travail. Les distinctions sont le couronnement du travail qu’il a effectué.
Nous vous laissons sur les mots de Mossadeck Bally qui déclare : « En tant qu’entrepreneur, ce que j’ai appris est que pour réussir, il faut avoir une vision et une stratégie pour la développer. Il faut se faire entourer des meilleurs. Je ne suis pas hôtelier car je n’ai jamais géré un hôtel de ma vie. Il faut être à l’écoute des professionnels. Quand j’étais à l’université, je me suis spécialisé en Finances et j’ai toujours compris qu’à chacun son travail et ses compétences. J’ai la compétence pour investir, pour aller chercher de prêts et de construire des hôtels, mais je n’ai pas les compétences de les gérer. Pour réussir, il faut se faire entourer des meilleurs. Ce que j’ai appris aussi, pour réussir, il faut penser à quelque chose de grand et de ne pas rester seul… si vous vous lancez dans l’entrepreneuriat, il faut que vous soyez patients et ayez la passion, car sans ces conditions, on ne saurait réaliser ».
Aux jeunes, Mossadeck Bally déclare : « En tant qu’entrepreneur africain, le message que j’adresse aux jeunes c’est d’avoir confiance en soi et de se mettre en tête que tout est possible. Il n’y a pas quelque chose qui est possible pour les Européens, les Asiatiques et qui le soit pas pour les Africains. C’est le grand enseignement que je tire de ces 30 ans à la tête du Groupe Azalaï. Pour réaliser de belles choses, il suffit d’avoir de la vision, de la stratégie, une équipe, de la confiance en soi-même, d’être patient, résilient, simple et humble. Beaucoup d’entrepreneurs africains ont réalisé de grandes choses. Quand j’ai commencé à travailler en 1985, il y avait deux banques françaises à Bamako mais aujourd’hui il y en a beaucoup. On a beaucoup de banques africaines, beaucoup de compagnies d’assurance gérées par des Africains. Tout est possible, quand on a la qualité. ».
Concernant l’hôtellerie, Mossadeck Bally affirme : « C’est une industrie comme une autre. Il faut tout simplement être rigoureux, et surtout avoir une vision à long terme, parce que c’est une industrie chronophage et qui demande énormément de capitaux. Il faut de ce fait avoir une vision sur dix à quinze ans et … ».
Sources
https://youtu.be/bHy8bWnADmA?si=wPwKiipViyPEQ95X
https://www.theafricaceoforum.com/forum-2024/fr/intervenant/mossadeck-bally-2/
https://maitron.fr/les-annees-de-braise-mouvement-des-scolaires-1977-1980/
https://www.linkedin.com/in/mossadeck-bally/?originalSubdomain=ml
https://www.azalai.com/en/blog-post-3
https://www.linkedin.com/company/azala-hotels/
https://www.africatopsuccess.com/cosmas-maduka-comment-cet-enfant-de-rue-est-devenu-milliardaire/
https://www.culturebene.com/50950-cosmas-maduka-de-la-rue-avec-1-a-la-6eme-fortune-du-nigeria.html
