Histoire
En 1961, la compagnie Air Afrique est fondée à Abidjan (Côte d’Ivoire) à l’initiative de onze États africains francophones récemment indépendants, conjointement avec Air France et l’Union Aéromaritime de Transport (UAT). Le capital est réparti entre les États (≈ 66 %) et les deux compagnies françaises (≈ 17 % chacune). Air Afrique est alors perçue comme une belle promesse d’unité, de connectivité et d’émancipation de l’Afrique dans les airs.
Pendant plusieurs décennies, Air Afrique étend ses routes régionales et internationales : elle dessert de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale, des liaisons vers l’Europe, et développe une flotte variée (jets, long-courriers). Les années 1970-80 marquent le pic de son prestige.
Cependant, dès les années 1990, les difficultés s’accumulent. La compagnie souffre de dette croissante, de coûts d’exploitation élevés, et du fait que de nombreux avions sont loués, engendrant des charges élevées. À cela s’ajoutent des retards de paiements, des problèmes de carburant, une flotte vieillissante, des vols annulés ou retardés, et une crédibilité dégradée. La compagnie dépend fortement des subventions des États actionnaires.
Par ailleurs, les rivalités entre États actionnaires compliquent la prise de décisions : certaines nations tardent à payer leur part, d’autres veulent des privilèges sur certaines routes ou dans la gestion, ce qui rend les réformes difficiles. La gouvernance est fragile, marquée par des influences politiques souvent prioritaires sur l’efficacité économique.
Voice of America
Finalement, en novembre 2001, Air Afrique suspend ses opérations ; elle est déclarée en faillite le 7 février 2002. Les dettes sont estimées à plusieurs centaines de millions de dollars, et la structure multilatera-le s’avère incapable de se redresser. Des tentatives de restructuration, de privatisation partielle ou de partenariat stratégique n’ont pas abouti.
Leçons à tirer
L’histoire d’Air Afrique montre que même un projet à forte valeur symbolique et panculturelle peut s’effondrer si les bases économiques ne sont pas solides : pour durer, une compagnie doit non seulement être bien financée, mais aussi avoir une gouvernance claire, des États actionnaires fiables et prêts à respecter leurs engagements, ainsi qu’une stratégie d’adaptation réelle (modernisation de flotte, maîtrise des coûts, partenariats efficaces).
Acteur et organisation
Organisation : Air Afrique (Société Aérienne Africaine Multinationale), compagnie aérienne panafricaine constituée de plusieurs États francophones d’Afrique de l’Ouest et Centrale, en association avec Air France et UAT.
Acteur(s) : Marcel Mensah Kodjo (dernier PDG avant la faillite)
Période :
Fondation : 28 mars 1961 par le Traité de Yaoundé.
Expansion forte : années 1960-1980
Dégradations financières visibles : années 1990
Suspension des activités : novembre 2001
Déclaration de faillite : 7 février 2002
Source
https://leconomistebenin.com/air-afrique-reve-brise-du-panafricain/
https://www.lemonde.fr/archives/article/1971/07/21/crise-a-air-afrique_2453186_1819218.html

