Comment Afrostream, une startup prometteuse, considérée comme le "Netflix africain", ferme ses portes en 2017, quatre ans après son lancement?

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Author: Bizredac
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Histoire et leçons à tirer

Histoire

Ludovic Bostral (CTO)  et Tonjé Bakang (CEO) ont fondé la société Afrostream en 2013. 

Voulant mettre en avant la culture africaine afin de mieux la connaître, la plate-forme digitale Afro-stream se donne comme objectif la promotion des films, des séries africaines, afro-caribéennes et afro-américaines. 

Le site Le Monde rapporte que deux ans après son lancement, Afro-stream « diffusait via un partenariat avec Orange dans 24 pays africains ainsi qu’en France, en Belgique, en Suisse, au Royaume-Uni et au Luxembourg. ».

TF1 (MYTF1VOD, la plate-forme de vidéo à la demande) signe un accord avec Afrostream pour diffuser sur sa plate-forme de VOD une sélection de films africains, afro-américains et afro-caribéens à travers le monde.

De juin 2015 à septembre 2015, il travaille en tant qu’entrepreneur en résidence à Y combinator. C’est suite à cette incubation au sein de Y combinator , qu’ Afrostream a pu faire une collecte de fonds de 4 millions de dollars, auprès des investisseurs. Afrostream avait besoin idéalement de 10 millions de dollars au total, pour son fonctionnement. 

Le 27 octobre 2015, Afrostream a signé un partenariat avec Sony Pictures Televison, pour la distribution de ses films et séries. 

En avril 2016, c’est-à-dire 8 mois après son lancement, Afrostream avait franchi la barre des 10000 abonnés. 

En décembre 2016, Ludovic Brostal, l’associé de Tonjé Bakang déclare : « Il y a un gros problème de connectivité sur tout le continent. Il y est par exemple très difficile de creuser des tranchées pour mettre des câbles [de fibre optique]. En revanche, les accès mobiles 3G et 4G augmentent beaucoup et il y a une croissance de plus de 10 % tous les ans du taux d’équipement en smartphones. ». 

La startup nantaise avait des projets. En effet, selon le site Le Monde, elle souhaitait avoir « 50 000 abonnés (à 6,99 euros par mois) pour la fin de l’année 2016 et 1 million d’euros de chiffres d’affaires. ».  

Le 17 mars 2017, un de leurs investisseurs se retire du projet. 

Le 15 septembre 2017, via son compte Twitter, Afrostream annonce la suspension de son service et le non-renouvellement des abonnements en cours à leur expiration. La raison serait d’ordre financier. En effet, Afrostream n’a pas pu réunir les investissements financiers nécessaires pour continuer son fonctionnement. Par ailleurs, son principal investisseur s’est retiré du projet, alors qu’une seconde levée de fonds devait être effectuée. Le site CamerounWeb révèle que « L’entreprise accuse aussi le coût de l’addiction aux contenus piratés, qui imposent une concurrence déloyale aux services de vidéo payante. ».  La conséquence directe est que l’entreprise n’a pas pu avoir de retour sur investissements. 

Un acheteur potentiel a été contacté par l'un des investisseurs d'Afrostream « pour acquérir le service de streaming en faillite pour deux raisons principales :  le fondateur le gérait mal et le gouvernement français avait donné 4 mois à Afrostream pour trouver un acquéreur ou pour mettre la société en faillite involontaire. ». 

D’après le site CamerounWeb, Tonjé Bakang déclare avoir voulu hisser l’entreprise à un niveau plus élevé, « …mais, ça ne marche pas toujours comme prévu. Donc, j’accuse le coup, je marque une pause…Pour mieux redémarrer ! ».  

Malgré cette situation, l’entrepreneur Tonjé Bakang compte nourrir la passion pour l’entreprenariat et l’innovation de centaines de porteurs de projet.

Leçons à tirer

Tonjé Bakang déclare dans une vidéo postée par Afroéconomicide sur youtube : «  La fin d'un projet n'est pas l'échec d'un entrepreneur. Je me sens pas du tout comme un entrepreneur en échec. Bien au contraire, je pense que c'est intéressant de voir où est-ce qu'on met le curseur en termes  de succès et inscrire son projet sur le parcours d'une vie. Donc, donc, c'est tout au long de mon parcours qu'on, qu'on pourra juger si je suis un, un entrepreneur à succès ou non. Même si la fin d'Afrostream est loin d'être ce que j'aurais espéré pour le projet, je pense pas qu'il soit juste de le mettre dans la catégorie des échecs. » ( à partir d’1 min 19) .  Cette phrase signifie que la fin d'un projet, qu'elle soit volontaire ou contrainte, ne signifie pas nécessairement un échec personnel pour l'entrepreneur. L’entrepreneur peut toujours rebondir sur le même projet ou un nouveau projet : s’il sait tirer des leçons du projet qui vient de s’achever, s’adapter et continuer à avancer. 

L’aspect financier est un élément clé de la réussite d’un projet. Lorsque l’entreprise connaît des difficultés financières, manque de financement, et qu’elle ne peut pas faire face à ces charges, cette situation peut couter la survie de l’entreprise, malgré l’importance des accords qu’elle pourrait signer. Tonjé Bakang affirme que la rencontre d’investisseurs ne correspond pas automatiquement à des investissements dans l’entreprise. Nous pouvons retenir l’absence d’un modèle économique viable peut couter la survie d’une entreprise. Les entreprises doivent s’exercer à apprendre à se développer naturellement par elles-mêmes sans avoir besoin de financement extérieur. 

Les mots de Tonjé Bakang concernant l’entreprenariat sont les suivants : « …c’était dur et c'est dur encore. ». L’entreprenariat n’est pas une chose facile. Il faut aller à la rencontre des partenaires, les persuader, les convaincre de l’importance de réaliser votre projet. Aussi, faut-il qu’ils adhèrent à votre projet. Il y’a aussi les défis financiers auxquels devront faire face l’entreprise. 

Tonjé Bakang a dû apprendre à parler l’anglais pour pouvoir se mettre en contact avec les entrepreneurs anglophones, et conquérir ce monde. Cette expérience de Tonjé Bakang nous montre que lorsque l’entrepreneur veut diversifier ses opportunités pour avoir plus d’investisseurs, il devra quitter un certain confort, faire des efforts pour aller vers d’autres personnes, qui ne parlent pas la même langue forcément que lui.  L’entrepreneur devra fournir plus d’efforts pour aller à la conquête d’un monde qui ne parle pas sa langue de prédilection. Dans la vidéo postée sur Youtube par Afroéconomicide, Tonjé Bakang encourage à parler l’anglais, afin d’avoir accès « au monde entier », ce qu’il a pratiqué lui-même afin de ne pas se limiter seulement aux opportunités, que lui offraient la France. 

Sources

https://www.africine.org/structure/afrostream/12819

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/02/26/afrostream-se-reve-en-netflix-africain_4584215_3212.html

https://cameroonceo.com/2017/05/10/tonje-bakang-tonje-ceo-afrostream-lexcellence-entrepreneuriale-camerounaise-au-service-de-la-communaute-afro/

https://www.linkedin.com/company/afrostream/

https://www.linkedin.com/in/tonjebakangtonje/?locale=fr_FR

https://www.youtube.com/watch?v=5nGYG2BiNhE&ab_channel=AFROSTREAM

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2017/09/21/pourquoi-l-aventure-afrostream-le-netflix-africain-se-solde-par-un-echec-cuisant_5189138_3212.html

https://www.camerounweb.com/CameroonHomePage/entertainment/Afrostream-le-Netflix-africain-annonce-sa-fermeture-421310

https://agence-api.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/numerique-clap-de-fin-pour-afrostream-0633ce08-cb16-4891-b6e7-8911707667e6

https://www.jeuneafrique.com/475575/economie-entreprises/afrostream-confessions-dun-startuper/

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